Kintsugi Renouveau poétique

Préface de Blaise Rosnay

Ce qu'il y a de stupéfiant dans la personne de Daniel, c'est la leçon de courage qu'il nous donne, et la manière désinvolte, légère, avec laquelle il nous la donne. Daniel vit la condition humaine telle que nous la vivons tous : précaire, éphémère, fragile, difficile, avec le peu de joie qu'il nous appartient de faire croître et prospérer, avec toute la peine qu'il nous appartient d'affronter. Il vit la même vie, exactement, humaine, de n'importe qui d'entre nous, sauf que, pour des raisons qu'il est inutile de développer, il la vit à cent à l'heure et à la puissance cent mille.

Et dans ce monde, où les murs semblent se resserrer autour de nous à mesure du temps qui passe, il inspire et expire, avec la plus grande attention, avec le plus grand soin, avec le plus grand désir, le peu d'air qu'il nous est donné de respirer. Mais ce n'est pas tout : cette goulée d'air volée à la mort qui est notre seul présent sur cette terre, il en fait, irrémédiablement, sans se lasser, sans s'éreinter, toujours avec la même douce puissance qu'il puise au fond de lui et qu'il jette à la face du monde comme une lueur d'espoir qui ne s'éteint pas, et dont toute la force se change en caresse... Il en fait... Que peut-il bien en faire, de cette respiration arrachée au néant, si ce n'est, dans l'urgence de vivre, un poème ?

La douleur, la maladie, la fragilité. Le monde qui te bouscule et qui te jette à terre. Daniel n'en a pas même fait un cri, il a choisi, en tissant avec soin les sentiments du fond de lui, en affrontant, sans baisser le cœur et la garde, la vie précieuse, vulnérable, fugitive, étoffe promise à s'évanouir et dans le néant du présent, il a choisi de faire, comme pour défier la mort et la souffrance ou mieux, pour se les concilier : un poème.

Et toute cette révolte que porte le cœur de l'homme, affrontant la violenced'un destin qu'il choisit si peu, Daniel en a fait, pour nous et pour lui, de l'apprentissage de la poésie, cette force toute faite de douceur, cette douceur qui persiste, espère, et qui ne s'éteint pas."

B.R

Blaise Rosnay

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KINTSUGI LE PROJET

On ne peut comprendre la teneur, l'ambition et les perspectives du projet si on ne connaît pas l'auteur. Daniel Okroglic est un jeune poète de 57 ans, puisqu'il a écrit son premier poème, Rame, il y a trois ans. Athlète de haut niveau, consultant et cadre du tertiaire, il apprend à 45 ans qu'il est atteint d'une maladie génétique neurodégénérative incurable extrêmement rare le syndrome de Mac Leod. Sa progression lui fait subir des douleurs extrêmes qui peu à peu le détruisent. En mai 2021, naît Daniel le poète tel que nous le connaissons aujourd'hui. Daniel Okroglic a dû faire face à nouveau à un coup du sort, une compression médullaire en décembre 2023, le cloue dans un fauteuil. Un an plus tard, il remarche

Le projet d'écriture que nous vous soumettons, dans le cadre de la Bourse Gina Chenouard, constitue le troisième recueil de Daniel Okroglic. Le renouveau de l'artiste en sera le fil rouge. Le renouveau dans son parcours de vie, et dans sa vision de la poésie. Le titre de l'ouvrage,

vraisemblablement « Kintsugi - Renouveau», s'inspire de l'art japonais de réparation des porcelaines au moyen de laques saupoudrées d'or pur. L'art du kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience. Cette résilience caractérise le renouveau. Élément indispensable à la reconstruction de l'être. Daniel Okroglic publiait "heureux le codex de la vie" en mai 2023, dont deux poèmes ont été primés au concours de chanson poétique de l'Orange Bleue.

En 2024, il publiait « j'écris recueil de poèmes chimériques ».

Le recueil contiendra 75 poèmes qui tranchent par rapport aux précédents ouvrages. La forme inspirée, par des auteur-e-s comme Cécile Coulon, Christophe Tarkos, Ghérasim Luca, Thomas Vinau, constituera les contours du recueil. Les thèmes abordés viendront soutenir la singularité de Daniel Okroglic. Résolument optimiste, et d'un foi en soi inextinguible, l'auteur se met à nu. Une version slamée Des poèmes, regroupera des artistes variés comme Michael Koné, contre ténor ou Madi Black Moz rappeur.

L'ambition, de vivre et de répondre à cette urgence créatrice, qui à travers la poésie a permis à l'auteur de survivre. Ecrire pour ne plus se sentir désemparé, impuissant, ignorant, malade. Écrire pour exister, pour trouver avec la poésie une sorte « d'enracinement » joyeux, qui mêle à la fois la continuité poétique et la rupture, un souffle nouveau.